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Agenda Sénégal 2050 : Des acteurs politiques et de la société civile partagés sur le bilan…?

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Conçu comme une boussole de long terme, l’agenda Sénégal 2050 trace la trajectoire du pays sur un quart de siècle, autour d’un triptyque : prospérité, souveraineté et justice. Pour Aldiouma Sow, ministre conseiller, l’évaluation de cette première année est « globalement positive ». « Nous sommes encore dans la phase de mise en œuvre, mais les bases sont solides. Les réformes structurantes sont en cours, et les premiers résultats commencent à se faire sentir», souligne le coordonnateur du pôle politique, de la société civile et des syndicats dans le cabinet du chef de l’État.

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En revanche, l’opposition se montre beaucoup plus critique. Abdoulaye Wilane, porte-parole du Parti socialiste, juge l’évaluation gouvernementale «déconnectée des réalités du terrain». Pour l’ancien parti unique qui a dominé la vie politique sénégalaise de 1960 à 2000, l’Agenda 2050 est un cadre séduisant sur le papier. M. Wilane précise cependant que «les moyens manquent, la gouvernance reste centralisée, et les priorités économiques ne sont pas claires ». Le président du Conseil départemental de Kaffrine estime que le pays souffre d’un manque de cap économique et d’une dépendance excessive à l’endettement extérieur. « Les bailleurs observent une certaine prudence, le secteur privé local est fragilisé, et la croissance reste inégalitaire. Nous n’avons pas encore vu la rupture promise», déplore l’ancien député-maire socialiste de Kaffrine. S’il admet des efforts de transparence, il met en garde contre une instrumentalisation politique de la lutte contre la corruption. «Il faut éviter que cette bataille se transforme en traque sélective. L’État de droit ne peut se construire dans la peur ou la suspicion», invite M. Wilane.

Aldiouma Sow : « Résultats concrets »

A contrario, Aldiouma Sow, coordonnateur communal du Pastef à Somone fait remarquer que les quatre axes stratégiques de l’Agenda 2050 à savoir Économie compétitive et Création d’emplois – Gouvernance et Engagement panafricain – Capital humain et Justice sociale -Aménagement et Développement durable du territoire, ont tous connu des débuts prometteurs. « Nous avons obtenu des résultats concrets, notamment dans la mobilisation des investissements. Le Forum Invest in Sénégal a permis d’enregistrer plus de 13 000 milliards de francs CFA d’engagements. C’est la preuve que la confiance est revenue », souligne-t-il.

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Demba Seydi : « Passer des principes aux pratiques »

Du côté de la société civile, le ton est plus nuancé. Si les réformes entreprises sont saluées, leur portée réelle fait débat. Demba Seydi, directeur des programmes du Centre africain pour la justice, la gouvernance et la transformation (CAJUST), estime que le Sénégal 2050 a le mérite de fixer une vision claire, mais que le passage à l’action reste encore timide. « Nous notons des avancées sur les textes et les discours, mais la transformation doit s’observer dans la vie quotidienne des citoyens. Le défi, aujourd’hui, est de passer des principes aux pratiques», mentionne M. Seydi, par ailleurs expert en gouvernance des ressources naturelles.

En écho, Babacar Ba, président du Forum du justiciable regrette le manque d’impact visible de l’Agenda 2050 sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Alors que Aldiouma Sow constate « un recul de deux points du taux de chômage qui est à 20% », M. Ba insiste : «Le chômage reste élevé, surtout chez les jeunes. L’Agenda 2050 doit donner des réponses concrètes aux attentes sociales, pas seulement économiques».

Sur le plan institutionnel, Aldiouma Sow de Pastef insiste sur les réformes législatives et réglementaires entreprises pour asseoir la bonne gouvernance : loi sur l’accès à l’information, réforme du code général des impôts, encadrement des lanceurs d’alerte, obligation de déclaration de patrimoine, et révision du code des marchés publics. « Pour la première fois, la gouvernance des ressources publiques devient un pilier central de la politique nationale. Nous voulons un État exemplaire et une administration plus transparente», explique M. Sow. Cependant, il reconnaît que la mobilisation des ressources financières reste un défi majeur : « Nous héritons d’une situation budgétaire contraignante. L’objectif est d’élargir la base fiscale sans étouffer l’économie, et de renforcer les financements endogènes ».

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Justement, les lois sur l’accès à l’information et la déclaration de patrimoine sont des pas importants, reconnaît Babacar Ba. Mais, plaide le juriste, il faut aller au-delà des textes et assurer leur application effective ». Il dénonce notamment le maintien des «caisses noires» et l’exclusion de certaines institutions comme la Caisse des Dépôts et Consignations du code des marchés publics, qu’il considère comme des freins à la bonne gouvernance. « Tant qu’il y aura des poches d’opacité, la corruption restera un risque structurel. La confiance citoyenne dépendra de la manière dont l’État gérera ces zones grises», indique-t-il.

Pastef décline des avancées, les doutes de l’opposition et de la société civile persistent

À en croire Demba Seydi, la réussite du référentiel dépendra de la cohérence entre les politiques sectorielles. «Une réforme du code des impôts, par exemple, ne peut pas être pensée indépendamment du code minier ou du cadre constitutionnel. L’Agenda 2050 doit éviter le cloisonnement des politiques publiques», estime M. Seydi, ancien leader de Convergence socialiste.

Il appelle aussi à une meilleure appropriation par la société civile et les collectivités locales. « Les acteurs non étatiques doivent être impliqués dans la gouvernance de la mise en œuvre. Le suivi ne peut pas être seulement administratif, il doit être participatif», souhaite-t-il.

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Économie réelle

Sur le plan économique, Demba Seydi plaide également pour un retour à l’économie réelle. « Pour atteindre la souveraineté, il faut investir davantage dans les secteurs productifs : agriculture, pêche, élevage, artisanat. C’est par la valorisation de nos ressources locales que le Sénégal atteindra ses objectifs de prospérité», professe-t-il. Justement, le ministre conseiller, dévoile que les secteurs de l’Agriculture et de l’Énergie seront comptés parmi ceux prioritaires pour accélérer l’exécution du « Projet ». « Nous avons choisi d’intervenir dans les secteurs économiques qui occupent les Sénégalais. Et au premier titre de ces secteurs-là, c’est l’agriculture. Donc, il y a eu beaucoup d’investissements et de financements qui ont été concentrés pour l’agriculture et dont nous avons vu les effets positifs. Mais un autre secteur également qui est extrêmement important pour l’économie et qui est une priorité pour le gouvernement, c’est l’énergie » a dit Aldiouma Sow.

Un an après sa présentation, le Référentiel national de transformation Sénégal 2050 suscite à la fois espoirs, doutes et vigilance. Les bases légales et institutionnelles sont posées, les réformes amorcées, mais leur appropriation sociale et leur traduction concrète restent à approfondir. Les acteurs interrogés s’accordent sur un point : la réussite du Sénégal 2050 dépendra de la cohérence, de la transparence et de la constance dans l’action publique. «L’avenir de ce projet repose sur la capacité de l’État à écouter, à associer et à rendre compte. C’est à cette condition que le référentiel cessera d’être un simple horizon pour devenir un véritable moteur de transformation», assure Demba Seydi.

Source seneweb

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