Une mission du Fonds monétaire international (FMI) s’est rendue au Sénégal du 18 au 26 mars 2025 pour examiner les conclusions du rapport d’audit de la Cour des comptes. Cet audit a mis en évidence des erreurs significatives dans les déclarations des déficits budgétaires et de la dette publique du pays sur la période 2019-2023.
Des révisions budgétaires majeures
Selon les conclusions de la mission dirigée par Edward Gemayel, le déficit budgétaire moyen a été révisé à la hausse de 5,6 points de PIB. La dette de l’administration centrale a, quant à elle, augmenté de manière significative, passant de 74,4 % à 99,7 % du PIB à fin 2023. Ces révisions s’expliquent en grande partie par des passifs non déclarés auparavant, incluant des emprunts cachés représentant 25,3 points de PIB.
L’audit révèle des lacunes graves en matière de contrôle budgétaire et de transparence, nécessitant la mise en place de réformes structurelles urgentes. La mission du FMI a évalué l’ampleur des irrégularités et identifié les facteurs institutionnels et procéduraux qui ont contribué à ces incohérences.
Un contexte économique résistant mais sous tension
Malgré ces irrégularités, l’activité économique du Sénégal est restée résiliente en 2024, avec une croissance du PIB réel estimée à 6,0 %, portée notamment par le secteur des hydrocarbures. L’inflation a été contenue à 0,8 %, offrant un environnement stable aux consommateurs. Toutefois, le déficit budgétaire s’est alourdi à 11,7 % du PIB et la dette publique a encore augmenté, atteignant 105,7 % du PIB à fin 2024.
La situation budgétaire du pays s’est compliquée en raison de tensions sur les marchés financiers régionaux et du ralentissement des aides des partenaires techniques et financiers. Pour pallier ces déficits, les autorités ont eu recours à des emprunts extérieurs à court terme, coûteux et peu soutenables.
Des réformes impératives pour assainir les finances publiques
Face à ces défis, le FMI recommande des réformes profondes pour garantir la viabilité des finances publiques. Parmi les mesures prioritaires figurent :
- La rationalisation des exonérations fiscales
- La suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées
- L’amélioration des mécanismes de contrôle budgétaire
Ces ajustements sont jugés nécessaires pour restaurer la marge de manœuvre budgétaire du pays et réduire ses vulnérabilités macroéconomiques.
Un accompagnement du FMI envisagé
Le gouvernement sénégalais a manifesté son intention de solliciter un nouveau programme d’assistance du FMI. Le Fonds s’est dit disposé à accompagner le pays dans la mise en place d’un plan de réformes basé sur les conclusions de l’audit et aligné sur les priorités de développement national.
Les discussions sur un éventuel programme d’appui du FMI débuteront une fois que des mesures correctrices auront été mises en place pour remédier aux incohérences budgétaires.
Rencontres de haut niveau
Durant sa mission, l’équipe du FMI a rencontré plusieurs hautes personnalités de l’État, dont le président Bassirou Diomaye Faye, le ministre de la Justice Ousmane Diagne, le ministre de l’Économie Abdourahmane Sarr et le ministre des Finances Cheikh Diba. Des discussions ont également eu lieu avec des représentants des syndicats, de la société civile et des partenaires au développement.
Le FMI a salué l’engagement des autorités sénégalaises en faveur de la transparence budgétaire et a réitéré sa volonté de soutenir le pays dans ses efforts de redressement financier et de développement économique durable.