Dans les prochains mois, le prix du lait en poudre pourrait connaître une baisse sur les marchés africains. Une bonne nouvelle pour les consommateurs, certes. Mais attention à ne pas tomber dans le piège d’une récupération politique opportuniste.
Car cette baisse n’a strictement rien à voir avec une politique publique menée par le gouvernement sénégalais. Elle s’explique plutôt par un bouleversement du commerce international. En effet, l’administration Trump avait imposé des taxes douanières sur le lait en poudre européen, rendant ce produit moins compétitif aux États-Unis, pourtant l’un des plus gros importateurs.
Résultat : l’Europe se retrouve avec un surplus de production qu’elle doit écouler ailleurs. Et ce sont les marchés africains, plus accessibles et moins réglementés, qui servent de débouchés. Cette arrivée massive de lait européen crée mécaniquement une baisse des prix.
Cela n’a donc rien à voir avec une quelconque stratégie du gouvernement sénégalais. Il ne s’agit ni de subvention, ni de réforme douanière, ni d’accord commercial initié localement. Le gouvernement, d’ailleurs, n’a pas encore réussi à faire baisser le prix du carburant malgré la baisse des cours mondiaux du pétrole.
Il ne faudrait donc pas que les tenants du pouvoir, comme ils l’ont fait pour le riz indien récemment, s’approprient cette baisse du prix du lait comme un « succès gouvernemental ». Car il n’en est rien.
Les Sénégalais doivent rester lucides : toutes les bonnes nouvelles ne viennent pas de la gouvernance en place. Certaines tombent du ciel géopolitique. Et ce n’est pas une raison pour que des responsables politiques viennent les récupérer… en grande pompe.
Thierno Diop