Aliko Dangote est un homme d’affaires à la tête d’un empire économique qui force le respect. Spécialement invité par le Président Diomaye Faye, il a participé à la présente édition du forum Invest in Sénégal. Devant l’assistance, au Centre de Conférence Abdou Diouf, il s’est exprimé sans détour.
«Il faudrait que l’on investisse dans notre continent. Nous faisons de grosses erreurs en nous tournant toujours vers les investisseurs étrangers. Les investisseurs étrangers ne viendront que lorsque les investisseurs locaux auront investi. Cela il faut le retenir», a-t-il asséné.
« Si nous ne prenons pas ce risque, personne ne le fera… »
L’homme d’affaires nigérian concède que les champions africains ont besoin de l’appui d’autres partenaires. «Car nous ne pourrons pas, seuls, donner toute l’envergure que l’Afrique doit avoir», dit-il. Mais pour que les étrangers viennent investir, il faut que les africains montrent la voie, «qu’on montre que nous avons foi en notre continent et que notre continent est ouvert pour faire des affaires», précise-t-il.
Aliko Dangote a donné l’exemple de son usine de fertilisants lancée en Ethiopie il y a quelques jours. Une fabrique de plus de 2.5 milliards de dollars qui démontre la capacité des investisseurs locaux. «Parce que tous ces risques, nous savons comment les contourner. C’est la raison pour laquelle nous sommes présents partout où nous investissons. Si nous ne prenons pas ce risque, personne ne le fera», indique-t-il.
« ils ont ouvert leur économie, mais en Afrique c’est très difficile… »
Dangote invite aussi les pays africains à s’inspirer de l’expérience d’autres pays, notamment pour ce qui est des restrictions liées aux visas. Ce, pour que d’autres investisseurs puissent venir investir. «Avant, le visa le plus difficile à obtenir, c’était le visa de l’Arabie Saoudite. Mais aujourd’hui c’est le plus facile à obtenir. Ils ont ouvert leur économie, mais en Afrique c’est très difficile», signale le première fortune du continent.
L’homme d’affaires appelle les dirigeants à solutionner la question. Et surtout, à rendre effective la libre circulation des biens et des services. «Même voyager revient très cher. Pour aller de Lomé à Accra, ça vous coûte 600 dollars. Comment voyager à 600 dollars pour 21 minutes ? Parfois pour aller de Lomé au Mali, je suis obligé de passer par Paris. Ça n’a pas de sens», dit-il.
Montrer la voie de l’investissement en Afrique par les africains
Bien que nos pays présentent beaucoup d’opportunités, Dangote estime que celles-ci ne peuvent être exploitées que s’il y a des gens qui prennent des risques avec leur capital. Et donc, il urge de mettre en place des institutions bancaires fortes, que le secteur manufacturier soit développé ainsi que l’Agriculture, les nouvelles technologies et les infrastructures.
«Il faudrait que les étrangers viennent pour être des partenaires. Aucun étranger ne va investir ici en Afrique si on ne montre pas la voie. Peut-être les chinois. Et c’est ce que nous champions nous faisons, c’est-à-dire montrer la voie de l’investissement en Afrique par les africains», conclut l’homme d’affaires.